Le village de Lama est bâti à une altitude de 550 mètres environ, sur un éperon rocheux entre deux ruisseaux, au-dessus de la zone alluviale cultivable de la vallée de l’Ostriconi. Il apparaît dans les sources en novembre 1206 à l’occasion de la modeste participation de Guiduccius de Mexabruna de Lama à un chargement de blé pour Pise. Dans ce même document apparaît avec Ghiottrus de lo Loro un autre habitat, situé sur le territoire actuel de Lama, mais abandonné dans le cours du XVIe siècle. Les ruines de lo Loro sont blotties au pied de celles d’un petit château, construit sur un éperon deux crêtes au sud de Lama, le castellu di Mont'a Purrettu, qui sera détruit comme la plupart des autres petits châteaux corses lors des révoltes populaires de 1357.
Le village et sa généalogie
Les premières mentions démographiques, issues du registre de tailles de 1454, comptent 16 feux (environ 72 habitants) à Lama et presque autant au Loro, avec 14 feux (environ 63 habitants). Toutefois, ce registre de 1454 ne fournit pas d’indication généalogique, les sources documentaires suivantes disponibles, les tailles de 1531 et 1537, étant trop éloignées dans le temps pour que des liens familiaux solides puissent être assurés avec les hommes cités au milieu du XVe siècle. Ces registres de 1531 et 1537 permettent en revanche de connaître l’ancêtre éponyme de la famille Massiani, autrement dit l’homme dont le nom personnel, Massiano, fils d’Oliveri, va donner lieu à ce patronyme. C’est peu après que nous connaissons Morello, époux d’Arienta, ancêtre éponyme des Morelli, et Ciavaldino, ancêtre des Ciavaldini.
Dans une énumération qui est loin d’être exhaustive et qui sera complétée au fur et à mesure des échanges et des recherches, certaines origines de patronyme étant plus incertaines, relevons quelques familles venues de l’intérieur de l’île se marier à Lama : les Franzini de la Croce d’Ampugnani à la fin du XVIIe siècle, les Bonavita et les Venturini, installés à Urtaca, mais venant de la piève de Vallerustie, au XVIIIe siècle. Une famille d’artisans, les Campana, forgerons venant de la piève d’Orezza, s’installent également à Lama à cette période, et ce sera bientôt les Baccelli, maîtres maçons venant de la région de Lucques, les Suzzoni, maîtres menuisiers, et les Trojani, cordonniers, de la piève voisine de Caccia, et de même des maîtres maçons Cerli, et des familles de bergers du sud de l’île, les Leonetti ou les Clementi de Ciamannacce, dans la piève de Taravo.
Il semble enfin intéressant, pour mieux comprendre l’histoire des familles, de souligner qu’en 1789, au début de la Révolution française dans l’île, il n’y a à Lama ni nobles, ni bourgeois bastiais propriétaire foncier, ni grand propriétaire. Et ce n’est pas non plus le curé ou le médecin, ou le notaire villageois qui occuperait une place sociale analogue. Des clivages existent cependant, entre trop petits propriétaires devant travailler pour les autres, ou encore bergers, d’une part, et les rejetons les plus florissants des anciennes familles de propriétaires, d’autre part. Il y a aussi le clivage lié à une immigration constante vers ce village prospère, hommes et femmes venant de régions plus pauvres du centre ou du sud de l’île, maçons commençant d’arriver d’Italie, formant un groupe social modeste à la recherche de travail, et au sein duquel on se marie d’ailleurs entre soi.